Un DVD sur Jean Catelas dans mon casier
Je ne connaissais pas Jean Catelas. Durant mon année de stage au collège Amiral Lejeune à Amiens, je suis peut-être passé rue Jean Catelas sans savoir qui était cette grande figure du Parti Communiste et de la vie politique amiénoise de l'entre-deux-guerres.
En bref, j'ai trouvé le documentaire très bien fait et très instructif, alors, ça mérite quelques mots et un article sur le blog.
En 1919, il est employé par les Chemins de fer du Nord. Il entre à la CGT et participe aux grèves de 1920. Il adhère au Parti Communiste Français en 1921, peu après sa création lors de la scission de la SFIO au Congrès de Tours en 1920. Il est secrétaire du syndicat CGTU des cheminots du Nord de 1922 à 1932.
Fondateur du Travailleur de Somme et Oise, l'hebdomadaire picard du Parti Communiste, Catelas acquiert une immense popularité. Le documentaire montre son engagement face à la profonde misère ouvrière amiénoise, notamment lors de la marche des chômeurs du Nord, en 1933. On le voit aussi prôner l’unité d’action contre les ligues fascistes menaçantes et on ressent toute l’atmosphère joyeuse et déterminée et le miracle des retrouvailles socialistes et communistes, avec de précieuses images du grand rassemblement au parc de la Hotoie, le 14 juillet 1935.
En 1936, à l'issue d'une formidable campagne électorale, Jean Catelas bat le député-maire d'Amiens, Lucien Lecointe, et est élu député d'Amiens, en même temps que son camarade cheminot Louis Prot, maire de Longueau depuis 1925, élu lui aussi député du Front Populaire.
Jean Catelas joue un rôle important auprès de Maurice Tréand dans l'organisation des Brigades internationales lors de la guerre civile d'Espagne. Lors de l'offensive finale des franquistes, durant l'hiver 1939, il exfiltre in extremis la Pasionaria par avion à Oran, d’où elle gagnera Moscou en exil.
Aux débuts de la Seconde Guerre mondiale, il défend le pacte germano-soviétique en 1939 et entre en clandestinité après l'interdiction du Parti Communiste. Déchu de son mandat de député, il est condamné par défaut à cinq ans de prison le 3 avril 1940. Catelas échappe à l'arrestation en se cachant dans la niche de son chien.
Après l'entrée des Allemands dans Paris le 14 juin 1940, il participe aux négociations visant à faire reparaître L'Humanité, bien qu'étant à titre personnel en désaccord avec cette initiative. Après des hésitations, l'Internationale demande aux dirigeants français du PCF de cesser toute négociation et désavoue l'initiative. Catelas est amer : « Je m’aperçois que rien n’a changé à mon égard, de la part des responsables des cadres. J’ai accepté certaines choses, pour ne penser qu’au travail. Mais il y a des limites à tout. J’ai mon caractère, mon amour-propre comme tout militant qui se respecte. Il faut me remplacer. Il faut me donner d’autres tâches dans une région ou une autre. À la base où j’ai tant de plaisir à lutter. »
Il est arrêté le 14 mai 1941 à son domicile parisien, ainsi que son gendre, Jean Arrachart, et d’autres responsables, dont Gabriel Péri.
À la suite de l'attentat du 21 août 1941 contre l'aspirant Moser, l'occupant allemand exige de l'État français l'exécution de six communistes. Passant devant un tribunal spécial créé à cet effet, Jean Catelas est condamné à mort le 21 septembre 1941 et guillotiné le 24 à la prison de la Santé.
Le général de Gaulle lui décerne la médaille de la Résistance à titre posthume le 28 décembre 1944, en même temps qu'à Guy Môquet. À la Libération, c'est toute une ville qui lui rendra hommage lors de son inhumation à Amiens.