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Présentation

Professeur d'histoire-géographie depuis la rentrée 2004, j'enseigne depuis 2008 dans un collège du Pas-de-Calais, je suis chargé d'enseignement en histoire contemporaine à l'université de Lille et membre affilié de l'IRHiS.

Docteur en histoire contemporaine de l'Université de Bourgogne, je suis membre du bureau de la régionale Nord-Pas-de-Calais de l'Association des Professeurs d'Histoire et de Géographie et membre du Conseil d'administration d'Historiennes et historiens du contemporain (H2C). Je suis également membre de la Société française d'histoire politique.

Je suis aussi membre de la Commission exécutive de la CGT Educ'action du Pas-de-Calais, du Secrétariat de rédaction de la revue La Pensée ainsi que du comité de rédaction du Patriote Résistant.

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Mes vidéos de prof

Publié par David NOËL

La rentrée des classes approche à grands pas. Dans moins d'une semaine, ce sera ma 9ème rentrée des classes côté prof, ma 5ème au collège de Leforest. En juin dernier, j'ai vu partir des élèves de 3ème que j'avais vus rentrer au collège en 6ème ; ça m'a fait tout drôle, c'était la première fois... Au-revoir, donc, à la promo 2008-2012 et bienvenue aux autres, que j'ai hâte de rencontrer !

La rentrée approche et plein de choses me trottent dans la tête. Il y a quelque temps, j'avais lu un article qui présentait un travail d'une chercheure sur la dimension sexuée de la sanction à l'âge de l'adolescence. Cet article m'avait interpellé. En ce moment, c'est ça qui me trotte dans la tête, alors je le remets en ligne, parce que ça nous interroge sacrément sur nos pratiques. 


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Interview bg-puce-losange.png Éducation. Sylvie Ayral, chercheure, a analysé 6 000 punitions infligées à des collégiens. Résultat : plus de 80 % concernent des garçons, qui s’en enorgueillissent:

Par CHARLOTTE ROTMAN

Plus de 80 % des élèves punis au collège sont des garçons. Pourquoi ? Par quel processus ? Avec quels effets ? Sylvie Ayral a été institutrice pendant quinze ans en milieu rural, elle est aujourd’hui professeur d’espagnol dans un collège et docteur en sciences de l’éducation. Elle a enquêté dans cinq collèges de Gironde aux profils variés : rural, ZEP, périurbain plutôt favorisé, défavorisé du centre-ville avec de nombreux élèves issus de l’immigration et, enfin, un établissement privé à fort taux de réussite scolaire. Elle y a épluché les registres et plus de 5 842 sanctions pour arriver à ces chiffres édifiants : 83 % des punitions pour indiscipline sont le fait de garçons, et 91 % quand il s’agit d’atteinte aux biens et aux personnes. Plus la transgression est grave, plus les garçons sont représentés. Dans un livre percutant, intitulé la Fabrique des garçons (1), Sylvie Ayral montre comment, loin d’atteindre leurs objectifs, les punitions sont contre-productives. Et renforcent les identités de genre et la domination masculine.

Les garçons sont les plus punis ; comment les enseignants l’expliquent-ils ? La faute aux hormones ?
J’ai beaucoup entendu cela : «C’est les gènes, les hormones.» Beaucoup invoquent la nature : c’est «comme ça». On parle d’instinct masculin. On dit que les garçons sont plus agressifs que les filles. Ces réponses, très nombreuses, sont savoureuses. Pour les enseignants, il y a deux catégories : les garçons bourrés de testostérone, et les filles supposées être plus calmes. On n’invoque pas seulement la biologie. J’ai aussi entendu des explications qui relèvent de la psychologie et de la psychanalyse. L’autorité est considérée par nature comme masculine. L’institution scolaire va alors se substituer au père absent et remettre le garçon dans le droit chemin, grâce à la punition. La fonction maternelle est toujours dévalorisée, et les familles monoparentales, pathologisées. On pense qu’un vrai garçon doit se frotter à l’autre et chercher la transgression.

Et les filles ?
Elles ne sont pas punies pour les mêmes raisons que les garçons : c’est davantage pour des bavardages, un cahier oublié, l’usage du portable ou de l’iPod en cours. On n’est pas dans les mêmes registres. J’entends dire que les filles sont de plus en plus violentes ; de ce que j’ai vu, c’est faux. Sur 6 000 sanctions, seules six concernent des violences commises par des filles. En fait, on ferme souvent les yeux sur la violence des garçons : quand on traverse la cour d’un collège, on trouve normal les attroupements de garçons, un coup de pied par ci, un coup-de-poing par là, c’est presque rassurant. Alors que la violence des filles, elle, paraît aberrante. Elle ne correspond pas aux attentes et est donc immédiatement repérée.

Que disent-elles du comportement des garçons ?
Les filles déclarent franchement qu’elles préfèrent les garçons qui sont sanctionnés : ce sont les rebelles, les durs, ils sont virils. Elles disent que les autres les ennuient : ce sont les intellos, les bouffons, ils sont trop sages. Les filles aiment bien les garçons qui sont étiquetés comme dominants. C’est bien d’être regardée par un garçon dominant. Les filles composent un public, et ainsi encouragent les garçons.

La sanction serait donc «une médaille de virilité» ?
Elle permet un passage symbolique, l’entrée dans le groupe des garçons dominants. Il y a un peu de souffrance : des admonestations du CPE [conseiller principal d’éducation, ndlr], des parents, mais cela fait partie du rite. Et finalement, c’est une consécration. Les garçons avouent d’ailleurs en tirer un immense plaisir, ils parlent «d’adrénaline», «d’excitation». Tout cela leur sert à se démarquer du féminin, et à l’intérieur du groupe des garçons, à se démarquer des «faibles». Cela leur sert à montrer qu’ils sont dominants et hétérosexuels. Ce rite leur permet d’être en conformité avec les normes ; d’être un «vrai» garçon. Il y a d’ailleurs des concours de celui qui aura le plus d’heures de colle. Quand un garçon se fait exclure du collège, le lendemain, il est devant l’établissement avec ses copains agglutinés tout autour de lui. Comme un héros. Comme un petit caïd auréolé de sa gloire. Tout cela grâce à la sanction.

Les sanctions sont demandées majoritairement par des femmes (à 74 %). Pourquoi ?
Parce que les femmes sont des cibles privilégiées. Comme cette assistante d’éducation qui demande à un élève de ramasser un papier et qui se voit répondre : «Tu as tes règles ou quoi ?» L’élève la «rabaisse» à sa condition de femme. C’est lui qui a le dernier mot. Mais ces épisodes ne sont jamais analysés comme ça. Les femmes ne les voient pas comme un rapport social de sexe. Elles vont se dire «je suis nulle comme prof». Dans les rapports de sanction que j’ai examinés, pas une seule fois on ne parle de propos sexiste ou homophobe. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y en a pas. Seulement, ils ne sont pas repérés comme tels. Alors que les propos ou les agissements racistes, oui.

Comment se comportent les profs hommes ?
Les enseignants ont deux types d’attitude. S’ils ont la carrure physique, une grosse voix, des muscles, ils arrivent à imposer un respect parce que les élèves, spontanément, leur attribuent une autorité naturelle. Ces enseignants, quand ils ont un ou deux élèves qui les chahutent, interviennent tout de suite sur le plan de la virilité. Ils entretiennent le fantasme de la confrontation physique. Il suffit d’un regard parfois. Pour ceux qui ont un problème d’autorité, c’est indicible, c’est la honte. Comme s’ils étaient déclassés, des sous-hommes, des tapettes. Soit ils deviennent très sympas, pour éviter le conflit, soit ils rasent les murs et dépriment. Ils n’en parlent pas, alors qu’une femme qui a des difficultés s’épanche plus facilement en salle des profs.

Si les punitions sont contre-productives, faut-il arrêter d’en donner ?
Le problème, c’est qu’elles renforcent ce qu’elles prétendent combattre. Elles sont censées apprendre à l’élève qu’il y a une loi qui s’applique à tous, qu’il est un futur citoyen. En fait, la sanction disciplinaire telle qu’elle est pratiquée est aux antipodes de cela. Elle consacre et renforce les identités viriles. Au lieu de parler de tolérance zéro, on aurait tout intérêt à adoucir les choses. A se pencher sur les relations entre garçons et filles : faire des ateliers de parole, travailler sur une mixité active dès la maternelle, analyser comment les injures sont construites et former les enseignants pour cela. Sinon, cela continuera à pourrir le quotidien des classes et à reproduire une société dominée par les valeurs viriles.

(1) Ed. PUF, mars 2011, 224 pp., 24 euros.


Source : Libération
Vendredi 11 mars 2011

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H
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