Le conflit israélo-palestinien
Le conflit qui oppose l'Etat d'Israël aux Palestiniens divise le Moyen-Orient depuis plus de 60 ans. Conflit national, ce conflit se double d'un conflit religieux dont les racines remontent à l'Antiquité et à l'histoire de la Palestine et du peuple juif.
I. La Palestine, un pays divisé :
A. De la Diaspora à l’émergence du sionisme :
Au XIXe siècle, la Palestine fait partie de l’empire ottoman. Depuis la destruction du Temple en 70 par Titus, les Juifs sont dispersés ; on parle de la diaspora. L'autorité religieuse du Temple passa aux rabbins.
Certains Juifs furent vendus comme esclaves et déplacés, d'autres rejoignirent les diasporas existantes, pendant que d'autres commencèrent à travailler sur le Talmud. Ces derniers étaient alors généralement acceptés au sein de l'empire romain, mais avec la montée du Christianisme, de nouvelles restrictions apparurent.
Durant le Moyen Âge, les Juifs se répartirent en groupes distincts. On les divise communément aujourd'hui en deux grands groupes : les Ashkénazes du nord et de l'est de l'Europe et les Séfarades de la péninsule ibérique et du bassin méditerranéen. Ces deux groupes partagent une série d'histoires parallèles de persécutions et d'expulsions.
La Palestine devient chrétienne, elle fait partie de l’empire byzantin jusqu’au VIIe siècle avant d’être envahie par les Arabes qui imposent l’Islam au VIIIe siècle.
Depuis le VIIIe siècle, la Palestine est donc peuplée de musulmans. Au XIIe siècle, les croisades ne parviendront pas à la reprendre durablement.
B. L’émergence du sionisme :
Le XIXe siècle est le siècle des nationalités : en Italie, en Allemagne, en Belgique, en Pologne, en Grèce, des révolutions éclatent. La Belgique et la Grèce obtiennent leur indépendance, l’Italie et l’Allemagne parviennent à chasser les Autrichiens et à fonder un Etat unifié.
L’empire ottoman entre en crise et doit accorder l’indépendance aux pays des Balkans : Serbie, Bulgarie, Roumanie.
Influencés par les idées des Lumières, des intellectuels juifs comme Eliézer Ben Yehoudah (1858-1922), qui s’attache à faire revivre la langue hébraïque et crée l’hébreu moderne, ou Theodor Herzl (1860-1904) développent alors l’idée que les Juifs doivent obtenir l’indépendance de la Palestine et y fonder un Etat juif, Israël. C’est la naissance du sionisme.
C. Des premiers succès du sionisme à la naissance de l’Etat d’Israël :
Le sionisme remporte un certain nombre de succès. Plusieurs milliers de Juifs quittent les pays où ils étaient installés pour aller vivre en Palestine, c’est l’alya, le retour au pays d’Israël.
En 1917, pendant la Première guerre mondiale, les Anglais qui ont besoin de l’aide des Juifs contre l’empire ottoman leur promettent de leur donner la Palestine : c’est la déclaration Balfour.
Cette déclaration reste lettre morte jusqu’à la Seconde guerre mondiale. Les Anglais, qui ont un mandat de la SDN pour administrer la Palestine s’appuient sur les élites locales arabes.
La Seconde guerre mondiale change la donne. Les Juifs ont été persécutés par les nazis et plus de six millions de Juifs sont morts dans les camps d’extermination. Les grandes puissances décident alors de partager la Palestine et d’y créer un Etat juif.
II. Israël et les guerres israélo-arabes :
A. L’échec du partage de la Palestine :
Dès le mois de décembre 1947, des affrontements opposent les milices juives aux Palestiniens.
Après le départ des Britanniques en mai 1948, les Arabes de Palestine sont appuyés par des armées égyptiennes, syriennes, jordaniennes et irakiennes. Les forces Arabes sont moins bien équipées que les milices juives qui remportent la victoire en mai 1949 : la guerre a fait 6 000 morts côté Israélien, 1 500 côté égyptien et 15 000 côté palestinien.
La Palestine n’existe plus : Israël s’est emparé de tous les territoires qui auraient dû être laissés aux Palestiniens. L’Egypte contrôle la bande de Gaza et la Jordanie s’installe en Cisjordanie.
B. Les victoires d’Israël :
En 1956, les Israéliens s’inquiètent des déclarations de Nasser, le nouveau président égyptien. Nasser est un nationaliste, soutenu par l’URSS. Il décide de nationaliser le canal de Suez, qui appartenait à des actionnaires français et anglais.
Israël, la France et l’Angleterre lancent alors une guerre préventive pour s’emparer du canal de Suez et détruire l’armée égyptienne.
Les Etats-Unis et l’URSS condamnent cette guerre et obligent la France et l’Angleterre à retirer leurs troupes. Israël doit alors abandonner la guerre.
En 1967, une troisième guerre oppose Israël et ses voisins : c’est la « Guerre des Six Jours ». Israël lance une nouvelle fois une guerre préventive pour détruire les armées de ses voisins. En six jours, du 5 au 11 juin 1967, les Egyptiens, les Jordaniens et les Syriens sont écrasés, Israël s’empare de la bande de Gaza, de la Cisjordanie, du désert du Sinaï et du plateau du Golan.
L’ONU exige la fin des combats.
C. De la guerre du Kippour aux accords de Camp David :
Le 6 octobre 1973, l’Egypte et la Syrie attaquent Israël par surprise pendant la fête du Yom Kippour, une des plus importantes fêtes juives. Après avoir reculé, les Israéliens parviennent à reprendre l’avantage. Le 24 octobre, Israël et les pays arabes signent un cessez-le-feu.
La guerre du Kippour a d’importantes conséquences : les pays arabes réunis au sein de l’OPEP décident d’augmenter le prix du pétrole pour punir les pays occidentaux qui ont soutenu Israël.
En 1978, à l’invitation du président américain Carter, Israéliens et Egyptiens se rencontrent à Camp David. L’année suivante, en 1979, Israël et l’Egypte signent un traité de paix. Même si le président égyptien Sadate est assassiné en 1981, Israël peut espérer normaliser ses rapports avec ses voisins.
III. Une paix impossible ?
A. Israël contre l’OLP :
La signature du traité israélo-égyptien ne résout pas le problème palestinien. Depuis 1964, les Palestiniens se sont dotés d’une organisation politico-militaire, l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine), dirigée par Yasser Arafat.
L’OLP utilise le terrorisme et entraîne des combattants dans des camps situés en Jordanie (elle en est chassée en septembre 1970) et au Liban.
En 1982, Israël envahit le Liban pour éliminer l’OLP. Le Liban passe sous contrôle syrien et les Iraniens financent un mouvement de résistance islamiste : le Hezbollah.
Dans les territoires occupés de Gaza et de Cisjordanie, l’OLP lance l’Intifada (la révolte des pierres) en décembre 1987.
B. Des accords d’Oslo à la Seconde Intifada :
En septembre 1993, Yasser Arafat et le premier ministre israélien Yitzhak Rabin signent les accords d’Oslo à Washington, en présence de Bill Clinton. Ces accords prévoient l’autonomie de Gaza et d’une partie des villes de Cisjordanie en échange du renoncement de l’OLP à la violence.
Côté israélien, les accords d’Oslo ne sont pas respectés. L’évacuation des villes prend du temps. De nouvelles colonies s’implantent en Cisjordanie. Les mouvements palestiniens plus radicaux comme le Hamas multiplient les actions terroristes.
C. De l’Intifada des mosquées à la guerre du Liban :
En 2000, la visite du général Ariel Sharon, chef de file de la droite israélienne (le Likoud) sur l’esplanade des mosquées déclenche la seconde Intifada. Attentats et affrontements se succèdent et font des centaines de morts.
Le gouvernement Sharon évacue la bande de Gaza mais en juillet 2006, Israël lance une offensive au Liban Sud contre le Hezbollah.
Aujourd’hui, le mouvement palestinien est très divisé. Le Fatah, le plus important mouvement au sein de l'OLP, contrôle la Cisjordanie. Mahmoud Abbas, leader du Fatah, est président de l'Autorité Palestinienne depuis janvier 2005. Mais le rôle dirigeant du Fatah est remis en cause par d'autres organisations plus radicales, comme le Hamas, un mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza. Divisés, en proie à la corruption, les territoires palestiniens sont étroitement surveillés par l’armée israélienne.
Conclusion :
La Palestine est le théâtre d’affrontements qui n’ont pas cessé depuis 1948. Après quatre guerres conventionnelles qui ont opposé Israël et ses voisins arabes, Israël (qui possède des armes nucléaires) est devenu intouchable.
Les Palestiniens qui ont perdu leur territoire mènent un combat pour leur libération nationale et ont obtenu des avancées au cours des années 90 et 2000. Ces avancées sont jugées insuffisantes et la tension reste vive.