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Présentation

Professeur d'histoire-géographie depuis la rentrée 2004, j'enseigne depuis 2008 dans un collège du Pas-de-Calais, je suis chargé d'enseignement en histoire contemporaine à l'université de Lille et membre affilié de l'IRHiS.

Docteur en histoire contemporaine de l'Université de Bourgogne, je suis membre du bureau de la régionale Nord-Pas-de-Calais de l'Association des Professeurs d'Histoire et de Géographie et membre du Conseil d'administration d'Historiennes et historiens du contemporain (H2C). Je suis également membre de la Société française d'histoire politique.

Je suis aussi membre de la Commission exécutive de la CGT Educ'action du Pas-de-Calais, du Secrétariat de rédaction de la revue La Pensée ainsi que du comité de rédaction du Patriote Résistant.

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Publié par David NOËL

Photo-Lili-Leignel-1.pngArrêtée et déportée le 27octobre 1943, Lili Leignel est venue raconter une tranche de son histoire, durant la Seconde Guerre mondiale, aux élèves de troisième du collège Paul-Duez.

Aujourd’hui Lilloise, elle habitait Roubaix à l’époque quand une nuit, vers 3h du matin, elle fut arrêtée par la gendarmerie avec ses parents et deux frères, Robert, 9ans et André, un peu plus de 3 ans, « cette date, je ne peux l’oublier, car c’est le jour anniversaire de ma mère et, la veille, nous avions tout préparé pour le célébrer ».

Des souvenirs gravés

Aînée de la fratrie, âgée de 11ans en 1943, Lili raconta aux collégiens, silencieux comme jamais, son périple, ses souffrances, ses privations, l’horreur des conditions de vie et bien d’autres choses marquantes pour une enfant de cet âge et ce, jusqu’à sa libération du camp de la mort de Bergen Belsen, le 15avril1945 par les soldats Anglais.

Et sa mémoire, à 82ans, n’est pas défaillante… Sans note et durant deux heures, le récit est émouvant. « Il y a des souvenirs qui restent à jamais gravés dans ma mémoire » : « les voyages », son départ pour la prison de Loos où elle a été séparée de son père, puis son départ avec sa mère et ses deux frères pour la prison Saint-Gilles en Belgique. Le camp de rassemblement de Malines en Belgique, « c’était l’équivalent du camp de Drancy en France, c’est là que nous avions entendu parler pour la première fois de déportation mais aussi subi un contrôle humiliant par les SS, nous étions tous nus ».

L’embarquement dans les wagons à bestiaux direction le camp de concentration de Ravensbrück : « nous étions un peu plus de cent personnes par wagons sans manger ni boire. Je me rappelle qu’il était indiqué dessus maxi 8chevaux ».

Et l’ultime transfert pour l’horrible camp de Bergen Belsen où « il y avait une odeur pestilentielle, indescriptible, celle des cadavres qui brûlaient comme ça, en plein air. »

Mais aussi les conditions de vie… La sirène à 3h30 du matin pour le réveil et le rassemblement, le froid, la peur, les brimades, l’absence de nourriture, des blocs surpeuplés : « le mien était le numéro 31, au début on dormait sur des espèces de lits superposés à trois étages puis, après, par terre, tous serrés les uns contre les autres, parmi les malades et les morts ».

Photo-Lili-Leignel-2.pngLa toilette, « il y avait des bousculades pour accéder aux rares points d’eau… Maman nous réveillait un peu plus tôt car pour elle, c’était important, un signe de dignité mais aussi de résistance ». Et, enfin, le peu d’occupation dans le camp, une fois les adultes partis aux corvées, « nous passions notre temps à attraper nos poux et à les tuer ».

Des peurs d’enfants de cette époque, elle en a conservé une, celle des chiens : « ils étaient dressés pour nous remettre dans le droit chemin lorsque nous bougions, comme les chiens de bergers courent après les brebis », d’ailleurs, elle n’hésita pas à montrer une morsure à la jambe.

Message d’amour

Mais, aujourd’hui, après des années de réflexion, pour elle, pas de haine envers le peuple Allemand : « pour les SS, oui, mais pas pour le peuple qui a été une des premières victimes de ce régime ». D’ailleurs, à la fin de son intervention, elle délivrera un message d’amour aux élèves : « vous ne devez pas céder aux sirènes du racisme, de la xénophobie, du rejet de l’autre… La guerre et ses horreurs ne doivent plus exister car l’homme n’a rien à y gagner ».

Pour conclure, à la demande des élèves, après quelques questions et chants en anglais, russe, allemand, français et polonais, Lili donna des nouvelles de sa famille… Ses frères sont toujours en vie et « habitent dans le Sud » ; son père est décédé 2 jours avant la Libération mitraillé par les Allemands ; sa mère, retrouvée à Hendaye où elle avait été prise en charge avec ses frères par la Croix rouge puis dans les Deux Sèvres où de la famille les avaient accueillis.


Source : La Voix du Nord
Samedi 12 avril 2014

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