Une coccinelle à sauver
Entrée des élèves de 4ème A, tout à l'heure, à 14h15 et petit moment de poésie. E.... est la première à entrer, une coccinelle sur la main.
- Monsieur, vous pouvez ouvrir la fenêtre pour laisser la coccinelle s'envoler ?
- Bien sûr.
J'ai entrouvert la fenêtre et laissé E.... y aller. Pendant que les autres élèves attendaient dans le couloir, je fermais mon diaporama de 6ème et j'ouvrais mon diaporama de 4ème sur la justice en France.
Regard vers E...., toujours à la fenêtre, dépitée...
- Je crois qu'elle est morte, Monsieur.
Je ne sais pas si la coccinelle d'E.... est morte. J'espère qu'elle a pu s'envoler, vers des feuilles remplies de pucerons et continuer sa vie de coccinelle...
Pendant que je pensais à la coccinelle, j'étais en train de me dire comme c'est drôle, nos rapports aux insectes et autres petites bêtes. Pourquoi les araignées nous inspirent du dégoût alors qu'on prend les coccinelles dans notre main et qu'on va essayer de les sauver ? C'est un peu irrationnel en fait et profondément culturel. Les coccinelles sont les amies des jardiniers, elles sont utiles pour nos jardins, ce sont les "bêtes à bon dieu", ça porte malheur de les écraser... E.... et moi, on n'est pas jardiniers ni l'un, ni l'autre, mais il ne nous viendrait pas à l'idée d'écraser une coccinelle. Et je ne sais pas ce qu'E.... pense des araignées, mais il ne me viendrait pas à l'idée d'en prendre une dans ma main. Quand j'en vois une dans la même pièce que moi, je sursaute, je l'écrase alors que rationnellement, je sais très bien que les araignées sont des animaux utiles.
Sur ces considérations, j'ai fait entrer les élèves. Adieu, petite coccinelle...