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Présentation

Professeur d'histoire-géographie depuis la rentrée 2004, j'enseigne depuis 2008 dans un collège du Pas-de-Calais, je suis chargé d'enseignement en histoire contemporaine à l'université de Lille et membre affilié de l'IRHiS.

Docteur en histoire contemporaine de l'Université de Bourgogne, je suis membre du bureau de la régionale Nord-Pas-de-Calais de l'Association des Professeurs d'Histoire et de Géographie et membre du Conseil d'administration d'Historiennes et historiens du contemporain (H2C). Je suis également membre de la Société française d'histoire politique.

Je suis aussi membre de la Commission exécutive de la CGT Educ'action du Pas-de-Calais, du Secrétariat de rédaction de la revue La Pensée ainsi que du comité de rédaction du Patriote Résistant.

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Publié par David NOËL

Hermann-Goering.jpgJe viens de terminer la biographie d'Hermann Goering, que j'avais achetée au mois d'août. Signée François Kersaudy, professeur à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne, cette biographie est parue en 2009 aux Editions Perrin. Au moins, comme ça, je pourrais briller un peu plus devant les collègues parce que quand j'ai raconté à Mme F..... que j'avais lu la bio de Sylla et la bio de Tacite pendant les vacances, elle s'est étonnée en me demandant : "Ah bon, une nouvelle biographie ? C'est de qui ?"... Et en fait, j'avais presque honte de dire que ça n'avait rien d'une nouvelle biographie, mais que j'avais profité des vacances pour lire quelques grands classiques...

Bref, la biographie d'Hermann Goering par François Kersaudy apporte un éclairage nouveau sur le "dauphin d'Hitler". Pour se justifier, François Kersaudy explique dans l'introduction que parmi les dignitaires nazis, Hermann Goering est sans doute le moins monstrueux à côté des Himmler et des Heydrich.

Hermann Goering, né en 1893 et mort par suicide le 15 octobre 1946 à Nuremberg est un personnage plein de contradictions. Le numéro 2 du régime nazi, fils d'un haut fonctionnaire prussien gouverneur de l'Afrique du Sud-Ouest, a grandi au château de Veldenstein, mis à disposition de ses parents par son parrain (et le probable amant de sa mère), un médecin anobli d'origine juive, Hermann von Epenstein. De 1908 à 1911, il passe par l'école des cadets de Karlsruhe puis l'académie militaire de Gross-Lichterfelde près de Berlin dont il sort avec le grade de sous-lieutenant. En janvier 1914, il est affecté dans un régiment d'infanterie qui est envoyé dans les Vosges à l'automne 1914, mais à la fin 1914, Goering, sur les conseils d'un ami, demande à être affecté dans l'aviation où il effectue plusieurs missions de reconnaissance.

Devenu aviateur, Goering reçoit la Croix de Fer en 1915 des mains du Kronprinz et la médaille Pour le mérite lui est décernée par le Kaiser en 1918. Entre temps, il est devenu pilote de chasse et chef d'escadrille. Au moment de l'armistice, Goering, qui affiche un palmarès de 22 victoires aériennes, est commandant de l'escadron de chasse de Richtofen dont il refuse de livrer les avions aux Alliés et qu'il ramène en Allemagne.

Officier nationaliste hostile au nouveau régime républicain, Goering se rend au Danemark puis en Suède de 1919 à 1921 et devient pilote de ligne. C'est là qu'il rencontre Carin, baronne von Kantzow qu'il épousera à Munich en 1923. En 1921, Hermann Goering est de retour en Allemagne et assiste à des cours d'histoire et de sciences politiques à l'université de Munich. C'est là qu'il fait la connaissance d'Alfred Rosenberg et qu'il assiste à une réunion du NSDAP à l'issue de laquelle il rencontre personnellement Adolf Hitler, qui sait quel profit il pourrait tirer d'un recrue aussi prestigieuse que Goering. En décembre 1922, Goering devient commandant des SA. L'année suivante, il est blessé lors du putsch de la Brasserie le 9 novembre 1923. Il est soigné, mais devient dépendant à la morphine. Il se réfugie en Autriche, voyage en Italie où il rencontre Mussolini et retourne en Suède. Il ne rentre en Allemagne qu'en 1927 après l'amnistie prononcée par Hindenburg. Goering est devenu un homme obèse, aigri et dépendant à la morphine.

Grâce à ses contacts dans le milieu de l'industrie, il collecte des fonds pour le parti nazi et en mai 1928, il fait partie des 12 premiers députés nazis à entrer au Reichstag. Goering est élu député de Bavière, réélu en 1930 alors que le parti obtient 107 sièges et préside le groupe parlementaire nazi.

La perte de sa femme en 1931 est un terrible drame pour lui et Goering ne parviendra jamais à l'oublier, même s'il se remarie avec une actrice allemande, Emmy Sonnemann en 1935. Autour de la tombe de sa première femme, Goering fait édifier à partir de 1933 une propriété luxueuse, Carinhall, dans la forêt de Schorfheide avec un cinéma, un gymnase, un bain de vapeur russe, un gigantesque salon de réception et des salles d'exposition pour ses collections de tableaux de la Renaissance.

En 1932, Goering devient président du Reichstag après une nouvelle poussée du parti nazi qui obtient 230 sièges. Hitler est nommé chancelier le 30 janvier 1933. Goering devient ministre de l'Intérieur pour la Prusse et ministre de l'Air. Créateur de la Gestapo, il fait régner un climat de terreur, lance les SA contre les opposants et ouvre les premiers camps de concentration. En juin 1934, avec les SS, il est un des organisateurs de la nuit des Longs Couteaux.  Il utilise le Forschungsamt, le service de renseignement qu'il a créé pour faire tomber son rival Ernst Röhm, qu'il déteste depuis qu'il a pris sa place à la tête des SA.  En 1935, il est nommé commandant en chef de la Luftwaffe. L'année suivante, il est nommé responsable du plan de 4 ans pour préparer l'Allemagne à la guerre. A ce titre, il est responsable de la politique d'aryanisation des biens juifs et participe à la Nuit de Cristal en infligeant une amende exorbitante d'un million de marks aux Juifs pour les "désordres" de la Nuit de Cristal.
En 1938, il est nommé Feldmarschall et négocie l'Anschluss. Malgré ses fanfaronnades, il est conscient de l'impréparation de l'armée allemande et surtout désireux de profiter de sa position et des richesses qu'il a accumulées. En 1939, il tente donc d'éviter la guerre et d'obtenir une médiation par le biais d'un ami industriel suédois.

Durant la guerre, Goering est nommé Reichsmarschall, le plus haut titre de l'armée allemande. Dauphin de Hitler, il reste très populaire malgré ses échecs. En mai 1940, il est responsable d'échec allemand devant Dunkerque ; c'est lui qui avait assuré à Hitler que son aviation suffirait à anéantir la poche de Dunkerque et à empêcher le rembarquement sans engager les divisions blingées stoppées par Hitler. La bataille d'Angleterre est un échec. L'ancien pilote de chasse n'a pas osé s'opposer à Hitler sur la priorité donnée à la construction de bombardiers et au bombardement des villes au détriment de l'aviation de chasse, une erreur stratégique qui a permis à la RAF de l'emporter.
Goering est un des responsables du désastre de Stalingrad ; le commandant en chef de la Luftwaffe avait en effet assuré à Hitler que la retraite n'était pas nécessaire et que son aviation pourrait maintenir un pont aérien avec les forces allemandes du général Paulus assiégées à Stalingrad, une erreur de jugement qui a causé la perte de toute la VIe armée allemande.

Organisateur du pillage dans toute l'Europe occupée, Goering est également directement responsable de la Solution finale. On a ainsi retrouvé un ordre écrit signé de sa main à Heydrich lui ordonnant de prendre toutes les mesures nécessaires à la solution finale du problème juif.

A la fin de la guerre, alors que l'Allemagne est bombardée, Goering est tombé en disgrâce. Les généraux de la Luftwaffe se plaignent de son incompétence. Alors qu'Hitler est enfermé dans son bunker, Goering prétend lui succéder. Hitler le condamne à mort avant de le grâcier et de le placer en résidence surveillée sous la garde des SS. Quelques jours plus tard, Goering se rend aux Américains en Bavière.

Au cours du procès de Nuremberg, Goering, qui a été sevré de sa dépendance à la morphine, se pose en héritier d'Hitler, déterminé à assumer les actes du IIIe Reich. Reconnu coupable des quatre chefs d'accusation, il est condamné à mort pour complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Il se suidice à l'aide d'une capsule de cyanure pour échapper à le pendaison.

Au final, on retiendra de Goering tel qu'il apparaît dans la biographie de François Kersaudy l'image d'un homme capable d'héroïsme, émouvant dans sa relation amoureuse avec Carin, mais aussi un homme égoïste, fanfaron, imbu de titres, d'uniformes et de décorations, brutal envers ses ennemis, étrangement resté populaire auprès de la population en raison de ses excentricités, alors même qu'il était un des principaux criminels du régime nazi. La biographie de François Kersaudy a le mérite de mieux éclaire le personnage. 

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