Histoires grecques
Le nom de Maurice Sartre ne m'est pas inconnu. Lorsque je passais le Capes, j'avais lu un certain nombre de ses articles sur l'Orient hellénistique dont Maurice Sartre est un des grands spécialistes.
La quatrième de couverture avait l'air diablement alléchante :
"Une monnaie, une page de rhétorique, un graffiti, une humble dédicace, rien n'est insignifiant pour l'historien. Puisant de façon très subjective dans les matériaux épars laissés par les Grecs et leurs émules de la Sicile au Soudan, de l'Attique à l'Asie centrale, Maurice Sartre brosse une quarantaine de séquences qui abordent en définitive la plupart des aspects majeurs de la civilisation grecque. De la naissance de la cité aux IXe-VIIIe siècles av. J. C. au meurtre d'Hypatie à Alexandrie en 415 apr. J.-C., en passant par la place des femmes, l'exploitation des mondes nouveaux, la confrontation entre Grecs et Juifs ou l'hellénisme sous l'Empire romain, se dégage peu à peu à travers ces Histoires grecques, originales et exemplaires, une vision d'ensemble de ce que fut, pendant plus de quinze siècles, cette civilisation; une civilisation si séduisante qu'elle finit par s'imposer comme "la" civilisation. Laissant de côté l'appareil érudit qui pourrait intimider le non-spécialiste, l'auteur compte sur la simplicité de sa démarche pour conduire le lecteur sur les traces innombrables des Grecs de l'Antiquité."
J'ai commencé à feuilleter le livre et je suis reparti avec. Mardi soir, j'ai lu les deux premiers chapitres. J'en suis maintenant au chapitre 15 (le livre en compte 43).
Partant de textes d'Hérodote, de Plutarque, ou d'Appien d'inscriptions qui évoquent une loi, du palmarès d'un athlète à un concours et même une pièce de monnaie à l'effigie d'Athéna retrouvée en Palestine, Maurice Sartre réussit à faire parler les documents et brosse ainsi 43 tableaux pleins de vie et agréables à lire du monde grec antique.
Il nous apprend aussi à remettre en question les clichés sur le monde grec, respectant la diversité des situations, qu'il s'agisse du caractère exceptionnel du modèle de la cité grecque ou du statut des esclaves : les hilotes de Sparte ne sont pas les banquiers affranchis d'Athènes. La démocratie athénienne, si souvent présentée comme un modèle, était aussi une société close, et avare en matière de droit de cité. Sur la vie des athlètes, sur les rapports entre l'hellénisme et les autres cultures ou sur la signification de certains rituels, le livre de Maurice Sartre donne des aperçus originaux.
Certaines études de document devraient nourrir mon cours de 6ème sur le monde grec que je suis en train de refaire, je pense par exemple à ce document sur la fondation de Cyrène par les Théréens et à la magistrale explication du processus de colonisation donnée par Maurice Sartre. Ce type de document traîne dans tous les manuels et à la lecture de ce que Maurice Sartre en dit, je m'aperçois à quel point la présentation qu'on peut en faire aux élèves est superficielle.
Malheureusement, c'est la règle, avec tout ce qu'elle a de frustrant ; demain, quand j'aurai achevé la lecture du bouquin de Maurice Sartre, je devrai toujours dire en trois lignes ce que lui dit en 7 pages, mais mes explications orales seront sûrement plus fines qu'elles ne l'étaient. Rien que pour ça, le bouquin de Maurice Sartre vaut le coup d'être lu !